Changement climatique : 2 fois plus de catastrophes naturelles en 20 ans
13/10/2020À l'occasion de la Journée internationale de la prévention des catastrophes naturelles, l'ONU souligne que le rythme des catastrophes climatiques a doublé dans le monde en vingt ans, exacerbé par le changement climatique. Les crues qui ont frappé le Gard le 19 septembre dernier, puis les Alpes-Maritimes le 2 octobre, sont historiques. En France, alors que les inondations représentent le premier risque naturel, le changement climatique rend les épisodes de pluies intenses encore plus fréquents à l'avenir. Météo-France et les services de l'État mettent tout en œuvre pour mieux les prévoir et les anticiper.
Des crues historiques dans un contexte de changement climatique
Les crues qui ont frappé le Gard, puis les Alpes-Maritimes, ont été particulièrement intenses. À Saint-Martin-de-Vésubie, le 2 octobre dernier, la pluie a représenté en 24 heures plus de trois fois les précipitations cumulées d'un mois d'octobre normal (soit près de la moitié de la pluviométrie annuelle), avec pour conséquence un bilan humain dramatique et des dégâts particulièrement lourds dans toute la zone.
Les inondations représentent le premier risque naturel en France : elles menacent des vies, des habitations, des emplois, et tous les territoires sont concernés. 17 millions d’habitants sont exposés au risque d’inondation par débordement de cours d’eau et 1,4 millions sont exposés au risque de submersion marine.
Des épisodes méditerranéens plus intenses
L'analyse des événements pluvieux méditerranéens extrêmes, incluant les années 2010 à 2015, met en évidence une intensification des fortes précipitations (+ 22 % sur le maximum annuel des cumuls quotidiens des précipitations entre 1961 et 2015) et une augmentation de la fréquence des épisodes méditerranéens les plus forts, en particulier ceux dépassant le seuil de 200 mm en 24 heures.
De façon plus globale, les analyses d'événements extrêmes appliquées aux projections climatiques régionales semblent également indiquer une augmentation de l'intensité des précipitations intenses sur toute la partie nord du Bassin méditerranéen.
Améliorer la prévention du risque inondation
Afin d’augmenter la sécurité des personnes, stabiliser et réduire à moyen terme le coût des dommages liés aux inondations et enfin de raccourcir le délai de retour à la normale des zones sinistrées, des outils ont progressivement été élaborés puis mobilisés par l’État et les collectivités, travaillant de concert pour réduire la vulnérabilité des territoires ces dernières décennies.
• 10 381 plans de prévention du risque d’inondation réalisés par l’État permettent de maîtriser l’urbanisme dans les zones les plus exposées.
• Le déploiement des 171 Programmes d’action pour la prévention des inondations (PAPI) permet d’améliorer la résilience de notre territoire sur plus de 12 000 communes.
Dans le contexte des dérèglements climatiques, qui vont accroître la fréquence ou la violence des crues, ces outils doivent être améliorés et renforcés.
Poursuivre l'amélioration des prévisions
La prévision des pluies intenses mobilise les moyens de Météo-France, et la prévision des crues, réalisée par la réseau Vigicrue du ministère de la Transition écologique, s’appuie pour partie sur ces prévisions. La prévision météorologique est en amélioration continue, avec des moyens et des investissements importants :
• le Centre national de recherche en météorologie compte à ce jour 230 chercheurs pour développer des modèles de prévision numérique des conditions météorologiques plus précis ;
• le réseau de Météo-France comprend 33 radars en métropole et 6 en outre-mer, qui fournissent des données 24 heures sur 24. Ils permettent d’élaborer des prévisions à courte échéance, en complément des informations fournies par les images satellitaires et d’autres types de mesures. L'imagerie radar apporte également des informations indispensables aux services de prévision des crues puisqu'elle fournit, après un traitement approprié, une estimation des cumuls de précipitations dont la fiabilité croît année après année.
Le réseau de radars opérés par Météo-France est particulièrement dense dans le sud de la France, où se produisent des épisodes de fortes pluies pouvant donner lieu à des crues subites (dits « épisodes méditerranéens » ou « épisodes cévenols »), qui mettent en danger les populations et provoquent d’importants dégâts. Le littoral méditerranéen et la Corse sont couverts par 10 radars, à Nîmes (30), Opoul (66), Collobrières (83), Bollène (84), Montclar (12), au Mont Maurel (04), au Mont Colombis (05), à Vars (05), Aléria (2B) et à Ajaccio (2A).
• L'action PUMA2 (Programme pluriannuel de modernisation du réseau Aramis) visant à rénover les radars les plus anciens de ce réseau a démarré en priorité avec le radar d'Opoul (66) en 2019. Les prochains radars du sud devant être rénovés sont Bollène (Vaucluse) en 2021 et Aleria (Haute-Corse) en 2022.
• L’action PUMA2 représente un investissement d’environ 13 millions d’euros dont 6 millions d’euros pour les 3 radars situés dans le sud de la France.
Une puissance de calcul accrue
Pour faire tourner des modèles de prévision numérique de plus en plus précis, Météo-France va renouveler d’ici fin 2020, ses deux supercalculateurs (coût total du projet de 144 millions d’euros). Cela permettra progressivement :
- d’avoir des prévisions météorologiques plus précises géographiquement et dans le temps : un gain de 1 à 2 heures d'échéance sur les prévisions des phénomènes dangereux et une échelle infra-départementale ;
- de prendre en compte de nouveaux types d'observations tels que les objets connectés ;
- de renforcer sa capacité à contribuer aux simulations et à la prévision des conséquences du dérèglement climatique au niveau européen et mondial.
Les données des radars européens voisins (notamment espagnols) sont intégrées depuis janvier 2020 aux modèles de prévision numérique du temps, ce qui contribue à mieux décrire le contexte météorologique au sud des systèmes orageux auxquels est très sensible la prévision.
De nouvelles données satellitaires ont été intégrées aux modèles de prévision, qui bénéficient d’une résolution plus fine et d’une meilleure représentation de la composition des nuages et donc des cellules orageuses.
Le réseau Vigicrue a été renforcé en 2020, avec l’intégration des premiers tronçons surveillés en Corse.
Mieux communiquer auprès des populations
La qualité des prévisions a d’autant plus de portée que la vigilance est bien diffusée et comprise des populations. Des actions en matière de communication vers les populations et les autorités, ont également été effectuées, avec notamment en 2020 :
- la rénovation du site Internet de la vigilance météorologique, afin de le rendre plus pédagogique ;
- la mise en place de notifications automatiques en cas de vigilance orange ou rouge sur inscription via l’application mobile Météo-France.
Et en 2021, il est prévu :
- l’amélioration du site vigicrues.gouv.fr, qui diffuse la vigilance crues sur les principaux cours d’eau français, en incluant une application smartphone et un espace membre qui permettra de personnaliser des avertissements sur le ou les secteurs de son choix ;
- l’ouverture au public de Vigicrues Flash, outil complémentaire à Vigicrues, qui fournit des prévisions de crues à très courte échéance sur les petits cours d’eau ;
- l’ouverture au public du service APIC de Météo-France (Avertissements des pluies intenses à l’échelle des communes) qui informe du niveau d’intensité de précipitations en cours ;
- la mise à disposition sur Vigicrues, partout où la connaissance des inondations le permet, de cartes de zones inondées potentielles, qui permettront de représenter les hauteurs d’eau prévues en tout lieu en cas d’inondation.