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Paname 2022 : des campagnes à Paris pour étudier la météo et le climat urbain

14/06/2022

La ville est particulièrement sensible aux impacts du changement climatique, notamment à l’augmentation des températures et de la fréquence et intensité des vagues de chaleur.
Alors que près de 50 % de la population mondiale vit en zone urbaine , progresser dans la compréhension du climat urbain pour rendre les villes plus résilientes constitue un enjeu majeur.

Les spécificités du climat urbain

L’ environnement urbain peut renforcer les phénomènes météorologiques extrêmes en été, comme les orages ou la chaleur.

La nuit, la température en ville peut rester plus élevée que dans les zones rurales voisines ; il se crée ainsi une bulle de chaleur sur la ville : c’est ce que l’on appelle l’Îlot de chaleur urbain (ICU). L'îlot de chaleur urbain se manifeste par plusieurs degrés d’écart qui se font particulièrement ressentir lors des canicules. Il s’amplifie la nuit, où l’agglomération parisienne peut pointer jusqu’à dix degrés de plus qu’aux alentours.

Le milieu urbain est ainsi particulièrement sensible aux impacts du changement climatique. Les projections climatiques qui anticipent une augmentation de la température en France métropolitaine et une augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements extrêmes (pluies intenses, vagues de chaleur…), laissent présager des impacts très importants en milieu urbain.
 

Mieux comprendre le climat urbain

Le milieu urbain est paradoxalement très peu observé du point de vue météorologique. Il existe peu de stations météo en ville, et en général uniquement dans des parcs.

Météo-France travaille depuis plus de 20 ans à mieux comprendre les microclimats urbains, les modéliser et aider les acteurs de la ville à prendre les meilleures décisions afin de limiter les effets de l’évolution du climat et s’y adapter.

Paname 2022, un important programme de recherche lancé cet été

Paname 2022 est un important programme de recherche qui a pour ambition de mieux comprendre les causes et effets du changement climatique en environnement urbain, grâce à des campagnes intensives de mesures qui se tiendront en région parisienne à l’été 2022. Paname 2022 rassemble dix projets de recherche menés par des scientifiques des laboratoires de Météo-France, du CNRS, de l’université Paris-Est Créteil, de Sorbonne Université, de l’Institut polytechnique de Paris, de l'École nationale des ponts et chaussées, d’Inrae, de LigAir et d’Airparif.

Certaines des mesures initiées par ces campagnes ont vocation à perdurer jusqu’à l’horizon des Jeux olympiques Paris 2024, avec l’objectif d’améliorer la prévision de la qualité de l’air ainsi que les prévisions météorologiques en territoire urbain. L’initiative Paname (lien : ) rassemble les activités de mesure de terrain de plusieurs projets dans lesquels Météo-France est impliqué, notamment au travers du CNRM et du service d’avions instrumentés Safire.

Dispositif de la campagne Paname 2022. © Météo-France

Des mesures à Paris

Dans le cadre de Paname 2022, une campagne de mesures est lancée dans l’agglomération parisienne.

  • Lâcher de radiosondage sur les quais de Bercy. C’est la première fois qu’un lâcher de ballon sera réalisé à Paris intra-muros.
  • Des mesures météorologiques spécifiques, en zone urbaine, avec des système de mesure au sol et des instruments de mesure à distance (lidar, radiomètres, etc.).
  • Le suivi des paramètres météorologiques standard (température, humidité, vent), et des concentrations en polluants gazeux et particulaires est assuré sur la région par les réseaux opérationnels de Météo-France et d'Airparif. 
  • Le réseau de stations météo dans Paris sera composé de stations connectées transmettant les informations mesurées directement par l’Internet des objets. Elles seront placées dans des arrondissements centre pour étudier, au sein d’un tissu haussmannien, l’influence de la Seine, de parcs, de l’orientation des rues et boulevards ou d’être sur une place. Dans le 13e arrondissement, des stations seront déployées depuis le parc Montsouris jusqu’à la Seine, de façon à étudier la variabilité de l'îlot de chaleur urbain en fonction de diverses formes urbaines, des maisons de villes aux peupliers, aux gratte-ciels.

Mesures des échanges d’énergie entre ville et atmosphère : comment la ville chauffe l’air ?

  • Plusieurs mâts de mesures ont été et vont être déployés sur l’ensemble de l'agglomération, afin de mesurer comment les surfaces urbaines, péri-urbaines et rurales absorbent l’énergie solaire et chauffent ou humidifient l'atmosphère. Afin de mesurer comment le centre-ville de Paris interagit avec l’atmosphère, les instruments seront placés par exemple sur le pied de la grue de Notre-Dame, jusqu’à environ 50 m du sol. Les divers sites instrumentés observeront les conditions estivales, mais aussi l’ensemble des saisons, ce qui permettra de mieux comprendre les processus physiques et de les prendre en compte dans les modèles de prévision.

Vol d’un avion de recherche au dessus de Paris

  • Plusieurs vols de l’avion de recherche ATR-42 de Safire (CNRS/CNES/Météo-France seront effectués pour suivre l’évolution des masses d’air urbaines lorsqu’elles sont transportées par le vent.
     

Premier lâcher de radiosondage sur les quais de Bercy le 13 juin 2022. © Météo-France