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Tempêtes de 1999 : naissance et évolution du dispositif de Vigilance

05/03/2020

Les tempêtes de 1999 ont marqué le point de départ de la réflexion lancée par Météo-France à la demande du ministère en charge de l'Environnement pour améliorer l'information des populations. Cette réflexion a abouti à la naissance, en 2001, de la Vigilance météorologique. Ce dispositif inédit d'anticipation des risques, croisant des critères météorologiques et leurs effets pour les territoires, a rapidement inspiré d'autres systèmes à l'international.

Une nécessité : informer sur les risques, en complément des prévisions

Les fortes précipitations dans l'Aude en novembre 1999, puis les tempêtes Lothar et Martin, survenues à la fin du mois de décembre 1999, ont mis en évidence le manque d'information de la population sur les dangers météorologiques. Les prévisions diffusées faisaient bien état de ces phénomènes météorologiques intenses, sans toutefois informer les Français des dangers associés.

Météo-France réfléchit ainsi, en lien avec les ministères en charge de la Prévention des risques et de la sécurité civile, à la mise en place d'une échelle de gravité des phénomènes dangereux qui permettra de « décrire, dans des termes compréhensibles par tous, la nature des phénomènes prévus, leur intensité et les dégâts attendus » décrivait Jean-Pierre Beysson, PDG de Météo-France le 30 mars 2000. 

L'ensemble des acteurs impliqués dans la gestion des phénomènes météorologiques dangereux a décidé de mettre en œuvre un dispositif visant à informer simultanément les pouvoirs publics, les médias et la population sur des risques météorologiques potentiels, en parallèle des prévisions. Cette information synthétique et accessible à tous simultanément, produite en parallèle des prévisions, décrit les conséquences attendues pour chaque phénomène.

1er octobre 2001 : publication de la première carte de vigilance

Météo-France annonce le lancement opérationnel de la Vigilance, le 1er octobre 2001 : « La Vigilance météorologique introduit des innovations majeures en matière d'information du public en cas de phénomènes dangereux : elle s'adresse directement aux Français, en termes simples et clairs, et associe des conseils de comportement adaptés à la situation météorologique. Ce dispositif unique au monde a suscité l'intérêt de nombreux services météorologiques nationaux ». 

La Vigilance météorologique est construite sur la base d'un langage commun à tous :

• une échelle de quatre couleurs pour indiquer le niveau de risque maximal ;

• un découpage par département, facilitant le repérage par le citoyen ;

• une échéance de 24 heures conjuguant une fiabilité correcte des prévisions et une anticipation suffisante pour l'action.

Une carte synthétique, destinée à être largement relayée par les médias, est produite tous les jours à 6 h et 16 h, plus fréquemment si la situation l'exige. Cette carte est complétée, pour les épisodes de niveau orange ou rouge, par un bulletin de suivi décrivant le phénomène météorologique, la chronologie et la localisation des dangers associés, ainsi que des conseils de comportement adaptés.

Ce dispositif précurseur, promu par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans le cadre du programme de réduction des Risques de catastrophes (Disaster Risk Reduction), a inspiré de nombreuses réalisations, notamment les vigilances des autres services météo européens, accessibles sur MeteoAlarm.

Neuf paramètres couverts aujourd'hui

Depuis sa création, la Vigilance a connu de nombreuses évolutions. Conçu à l'origine pour 5 types de phénomènes (vent violent, fortes précipitations, orages, neige-verglas, et avalanches), le dispositif s'est enrichi. 

  • En 2004, il intègre les canicules et grands froids. La Vigilance prend désormais en compte des indicateurs bio-météorologiques pour évaluer en lien avec les services de la santé publique le risque d'une vague de chaleur ou de froid.
  • En 2007, la carte de Vigilance intègre également le risque de crue en relayant l'information produite par le Schapi à travers le paramètre pluie-inondation. 
  • Depuis 2011, la Vigilance délivre aussi une information sur le risque " vagues-submersion ", en partenariat avec le SHOM (Service hydrographique et océanographique de la marine). 

La Vigilance délivre aujourd'hui une information sur les risques associés à 9 phénomènes météorologiques et hydrologiques. 

Comment est déterminé le niveau de risque, la couleur de la Vigilance ?

Pour déterminer le niveau de vigilance, les experts de Météo-France évaluent les conséquences des phénomènes prévus sur les personnes, les biens et l'activité socio-économique. 

Les critères de choix ont été définis pour chaque phénomène et chaque département. Ils tiennent compte de la sensibilité locale aux phénomènes météorologiques en se basant sur les événements passés, les conséquences observées, et le niveau d'acclimatation du département. 

Ces conséquences dépendent de plusieurs facteurs : 

  • des caractéristiques du phénomène : intensité, durée, trajectoire, étendue géographique… 
  • des enjeux, personnes et biens, exposés, qui varient dans l'espace et dans le temps. Un orage intense touchant une zone inhabitée pourra passer inaperçu, alors qu'il entraînera des dégâts catastrophiques s'il touche une grande ville. De même, des vents violents pourront avoir des conséquences plus graves s'ils surviennent lors d'un week-end de départ en vacances, alors que de nombreuses personnes sont sur les routes ;
  • de la sensibilité du département touché : habitudes des populations, équipements et infrastructures disponibles... Quelques centimètres de neige peuvent suffire à perturber le trafic et le réseau de transports en commun à Paris ou à Marseille, alors qu'ils ont peu de conséquences dans les zones de montagne plus accoutumées. 

L'attribution des couleurs de Vigilance se fait toujours au cas par cas par les experts de Météo-France, disposant de la connaissance des spécificités locales.

Une évaluation continue de la Vigilance

La Vigilance fait l'objet d'une évaluation a posteriori systématique par un comité de suivi réunissant tous les partenaires de la Vigilance. Trois fois par an, tous les épisodes de niveau orange ou rouge sont ainsi étudiés : les partenaires recensent les conséquences  observées pour les personnes, les activités et les biens pour déterminer conjointement le nombre de départements touchés, partiellement touchés ou non touchés. Les épisodes de niveau jaune ayant eu des conséquences significatives sont également examinés pour identifier les éventuels cas de non-détection (ceux qui auraient dû être placés en Vigilance orange). 

Deux indicateurs sont principalement utilisés pour évaluer la performance de la Vigilance : le taux de fausses alarmes et le taux de non-détection. 

On considère qu'il y a fausse alarme lorsqu'un département a été placé en Vigilance orange et que le phénomène météorologique prévu ne s'y est pas produit, ou s'est produit avec une intensité ou des conséquences moindres qu'attendu. 

Un épisode est qualifié de non-détection lorsque des conséquences significatives sont constatées sur un département non placé en vigilance orange. Les cas de non-détection sont majoritairement dus aux phénomènes orageux, dont la localisation et l'extension géographique restent difficiles à estimer à l'échelle départementale.

  • En 2018, le taux de fausses alarmes était de 10 %, celui de non-détection de 2 %.
  • En 2017 le taux de fausses alarmes était de 18 %, celui de non-détection de 3 %.
  • En 2016 le taux de fausses alarmes était de 15 %, celui de non-détection de 5 %.
  • En 2015 le taux de fausses alarmes était de 13 %, celui de non-détection de 3 %. 

Pour être fiable et utile, le dispositif de la Vigilance doit limiter autant que possible à la fois le nombre de fausses alarmes et le nombre de non-détections. L'évaluation de la vigilance 2018 révèle une amélioration du dispositif, plus de 98 % des épisodes météo à risque ont bien été identifiés dans le cadre de la vigilance et 90% d se sont produits avec l'intensité estimée. Le taux de fausses alarmes à l'échelle départementale s'élève cette année à 10 % (18 % en 2017) tandis que le taux de non-détection s'élève à 1,9 % (2,9 % en 2017), un des taux les plus bas depuis la mise en place des indicateurs.

La Vigilance à l'horizon 2021

Afin d'améliorer le service rendu aux pouvoirs publics et à la population, des améliorations nouvelles du dispositif sont prévues. La Vigilance vagues-submersion sera progressivement déployée par Météo-France en outre-mer. Début 2020, la page internet de la Vigilance météo fera peau neuve avec une présentation plus ergonomique et plus complète des vigilances en cours. Une information sur les phénomènes dangereux potentiels jusqu'à 7 jours sera également rendue publique.

La Vigilance, une mission essentielle au service de la sécurité des territoires

La circulaire interministérielle d'octobre 2011 décrit l'apport de la Vigilance météorologique pour l'anticipation et la  gestion de crise sur le territoire métropolitain. L'établissement public Météo-France chargé par l'État de la surveillance et de la prévision de l'atmosphère, du manteau neigeux et de l'océan superficiel, assure la mise en œuvre opérationnelle de la vigilance, au besoin en partenariat avec d'autres organismes publics spécialisés dans certains domaines (santé, inondation, océan).