Changement climatique : un nouvel outil pour définir le budget carbone
19/07/2019
Depuis la publication du cinquième rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) en 2014, le concept d'un budget carbone est devenu un outil scientifique populaire permettant de guider les politiques climatiques.
Roland Séférian, chercheur à Météo-France, a participé à une étude, publiée ce 17 juillet 2019 dans la revue scientifique Nature, qui propose un cadre méthodologique pour comprendre dans quelle mesure les facteurs climatiques ou sociétaux peuvent jouer sur le budget carbone restant pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ou 2 °C.
L'étude dans la revue Nature
Lors de la conférence mondiale sur le climat qui s'est tenue en 2015 (COP21), les États se sont engagés à limiter le réchauffement climatique planétaire bien en dessous de 2 °C par rapport au niveau préindustriel et à poursuivre leurs efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C. Le budget carbone constitue un outil puissant pour informer les décideurs sur la rapidité avec laquelle il importe de ramener les émissions à zéro. Il s'agit également d'un élément d'analyse simple pour étudier les implications potentielles d'un avenir marqué par des contraintes carbone.
Dans leur étude publiée dans Nature, des chercheurs de l'IIASA, de l'Institut Grantham de l'Imperial College de Londres, de l'Université de Leeds, de Météo-France et du Potsdam Institute for Climate Impact Research, entre autres, proposent un nouveau cadre pour comprendre et suivre les évolutions du budget carbone restant.
Ce cadre a vocation à contribuer à une discussion plus constructive et éclairée sur le sujet, tout en facilitant une meilleure communication entre les disciplines et les communautés qui quantifient et utilisent des estimations des budgets carbone restant.
L'étude définit le budget carbone restant en fonction de cinq facteurs principaux :
• la quantité de réchauffement attendue par tonne d'émission de CO2 ;
• la quantité de réchauffement observée jusqu'à aujourd'hui ;
• la quantité de réchauffement futur attendu des gaz autres que le CO2 ;
• la quantité de réchauffement résiduel du système planétaire dès que les émissions nettes de CO2 seront nulles ;
• une correction supplémentaire pour tenir compte de certaines rétroactions climatiques encore mal connues à ce jour (e.g., émissions de CO2 et méthane liées à la fonte du pergélisol)
Une version simplifiée de ce cadre a déjà été appliquée dans le récent rapport spécial du Giec 1.5.
Référence :
Rogelj J., Forster P., Kriegler E., Smith C. et Séférian R., 2019 : A framework to estimate and track remaining carbon budgets for stringent climate targets. Nature.