La veille cyclonique
08/10/2021Chaque année, environ 80 tempêtes tropicales ou cyclones tropicaux se forment sur le globe. Ces phénomènes météorologiques figurent parmi les plus dévastateurs : ils peuvent faire des milliers de victimes et causer des dommages considérables qui affectent sévèrement la vie socio-économique des zones touchées.
L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a mis en place une veille cyclonique mondiale. Elle a désigné dans chaque bassin océanique un Centre météorologique régional spécialisé (CMRS) dans la prévision cyclonique :
• Miami (Atlantique nord et Pacifique nord-est) ;
• Tokyo (Pacifique nord-ouest) ;
• Honolulu (Pacifique central) ;
• New-Delhi (golfe du Bengale et mer d'Oman) ;
• Nadi (îles Fidji, Pacifique sud-ouest) ;
• et le centre Météo-France de Saint-Denis de La Réunion (sud-ouest de l'océan Indien).
Six centres secondaires, les Centres d'avertissements de cyclones tropicaux (TCWC / Tropical Cyclone Warning Center), complètent la couverture des océans tropicaux en assurant le suivi et la prévision des cyclones autour de l'Australie, dans des zones de responsabilité plus restreintes.
Le rôle des Centres spécialisés cyclones
Chaque CMRS surveille, dans sa zone de responsabilité, toutes les dépressions tropicales, depuis leur formation jusqu'à leur disparition. Dès qu'un phénomène cyclonique est identifié, le Centre météorologique régional spécialisé diffuse toutes les 6 heures (toutes les 3 heures à l'approche de zones habitées) un bulletin à tous les services météorologiques de la région. Cette prévision est associée à des mesures de prévention et de sensibilisation des populations au risque encouru et aux attitudes à adopter afin de minimiser les effets du cyclone.
Le CMRS de Météo-France, implanté à Saint-Denis de La Réunion, est chargé, depuis 1993, de la zone cyclonique du sud-ouest de l'océan Indien. Cette zone comprend notamment l'Afrique de l'Est (Malawi, Mozambique, Swaziland, Tanzanie et Zimbabwe) et les îles de l'océan Indien (Comores, La Réunion, Madagascar, Maurice et Seychelles).
Météo-France reste toutefois responsable de la prévision météorologique, y compris cyclonique, et conseille les autorités et la sécurité civile pour la mise en œuvre des plans « cyclone » à La Réunion, Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Wallis et Futuna, la Martinique et la Guadeloupe, Saint Barthélémy et Saint Martin.
Les domaines de responsabilité des Centres spécialisés cyclones. © OMM.
La prévision cyclonique
La prévision cyclonique consiste à détecter la formation des phénomènes cycloniques, puis à prévoir leur trajectoire, leur intensité et leurs principales conséquences. Elle utilise toutes les informations météorologiques disponibles : les observations au sol, en altitude (radiosondages), les données issues des avions chasseurs de cyclones et des bouées dérivantes, les images radars et satellitaires. L'imagerie satellitaire a révolutionné la prévision cyclonique et permet de pallier le manque d'observations dans les zones océaniques.
Aujourd'hui, les cyclones sont plus facilement observables et on peut mieux estimer leurs dimensions et le détail de leur structure. Un modèle spécifique de prévision de trajectoire et d'intensité développé par chaque CMRS simule leur évolution.
Le CMRS cyclone de La Réunion utilise de nombreux modèles globaux (IFS développé par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, Arpege développé par Météo-France, GFS développé par le Service météorologique national américain) ainsi qu'une version dédiée du modèle Arome de Météo-France (résolution de 2,5 km) sur le bassin sud-ouest de l'océan Indien. Grâce à ces modèles, il effectue des prévisions de trajectoire des cyclones à 5 jours. Dans l'océan Indien, l'erreur moyenne de position est actuellement d'environ 80 km à 24 heures d'échéance, 200 km à 48 heures. Depuis une vingtaine d'années, ces erreurs se réduisent continuellement grâce à l'amélioration de la représentation des processus de grande échelle dans les modèles numériques et à l'assimilation d'observations toujours plus nombreuses.
Les prévisions d'intensité et de précipitations cycloniques restent en revanche toujours difficiles car les modèles numériques représentent encore mal les processus internes responsables de l'évolution des cyclones. Grâce à sa maille fine, le modèle de prévision à échelle fine Arome-Indien, utilisé au CMRS de La Réunion depuis mars 2016, devrait cependant permettre de mieux décrire ces processus, améliorant ainsi significativement les prévisions d'intensité et de structure jusqu'à 48 heures d'échéance.