Climat Observation à l'observatoire royale de Paris en 1816

Météo-France

La mémoire du climat

08/10/2021

Pour connaître le futur, il faut comprendre le passé. La mémoire du climat impose de collecter et conserver de façon pérenne les observations passées. Celles ci sont précieusement regroupées, qualifiées et conservées pour être exploitées quotidiennement pour des productions en temps quasi-réel et sont aussi la base d'études très pointues sur le changement climatique, pour caractériser des événements marquants du climat et de son évolution.

Pourquoi sauvegarder les données sur le climat passé ?

Étudier le climat passé permet de mieux comprendre le fonctionnement du système climatique, clé pour anticiper ses évolutions futures. Pour cela, les climatologues doivent disposer de séries d'observations sur la période la plus longue possible.

Une base nationale de données climatiques

Pour assurer sa mission de conservation de la mémoire du climat, Météo-France assure la collecte, le contrôle et l'archivage des données climatiques dans une base nationale. Elle contient les données de métropole, d'outre-mer et des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises) observées au sol, en mer ou en altitude. Les principales informations recueillies concernent la température, les précipitations, l'humidité, la pression atmosphérique, le vent et le rayonnement.

Intégrer les données anciennes dans la base climatique

Si les données quotidiennes les plus anciennes présentes dans la base nationale datent de 1688 (Observatoire de Paris), la plupart des données disponibles sont postérieures à 1960. Ce recul de quelques décennies est trop court pour porter un diagnostic sur l'évolution du climat en France. Le nombre de longues séries d'observations météorologiques, de bonne qualité et de plus de 60 ans, est encore insuffisant. Ainsi, les climatologues travaillent à réunir des données plus anciennes, consignées dans des documents d'archives, notamment dans le cadre de l'action Data Rescue qui vise à enrichir la connaissance de notre patrimoine climatique.

Traiter et mettre à disposition les données climatiques anciennes

Le contrôle des données du passé est important pour pouvoir s'y fier. Sont-elles vraisemblables par rapport à ce que l'on connaît du climat ? Une température extrême indiquée dans un registre est-elle en cohérence avec des relevés effectués à proximité ? Il faut également produire des longues séries de mesures, les corriger éventuellement en fonction de ce que l'on sait des conditions de travail. Enfin croiser les mesures avec tout un tas de facteurs, les métadonnées, qui permettent de disposer d'informations dignes de confiance.

Contrôler les données récupérées

Les sources d'erreurs de mesure sont multiples : imprécision de l'instrument, erreur de lecture ou de report lorsque la mesure est réalisée par un observateur, élément extérieur venant parasiter la mesure… C'est pourquoi des contrôles automatiques testent la cohérence temporelle (avec ce qui a été relevé un peu plus tôt ou un peu plus tard au même endroit), le non-dépassement de seuils de vraisemblance (par exemple, pas plus de 50 °C en France) et la cohérence spatiale (compatibilité avec les mesures des sites géographiquement les plus proches) de toutes les mesures anciennes récupérées. À l'issue de ces contrôles, on associe à chaque donnée un code qualité indiquant le degré de confiance qui lui est attribué.

Élaborer des longues séries de référence

Disposer de longues séries fiables est une étape indispensable pour comprendre la variabilité climatique. Mais les séries de mesures faites à un même poste pendant plus de 50 ans sont très rares. Pour constituer de longues séries de données, il est nécessaire de concaténer des séquences plus courtes recueillies dans des lieux différents mais relativement proches géographiquement.

Pour reconstituer par exemple le climat de Toulouse, on prend en compte à la fois les mesures réalisées au XIXe siècle en centre-ville et celles enregistrées en périphérie, sur les aéroports de Francazal et de Blagnac. Le déplacement des postes climatologiques au cours du temps, la modification des sites de mesure, de l'instrumentation, des méthodes de calcul des paramètres météorologiques et les changements d'observateurs peuvent se traduire par des ruptures dans les séries de données, qui peuvent être  du même ordre de grandeur que le signal climatique que l'on cherche à caractériser. Des méthodes statistiques permettent de repérer ces ruptures d'homogénéité non liées au climat, par comparaison avec des séries appartenant à la même zone climatique. L'analyse des métadonnées permet ensuite aux climatologues de confirmer que ce sont bien des ruptures liées aux conditions de mesure. Les séries sont ensuite corrigées, ou « homogénéisées », afin d'éliminer autant que possible l'effet des changements cités ci-dessus.

Pas de données sans métadonnées

Pour interpréter correctement les mesures et les comparer, il est nécessaire de prendre en compte les conditions dans lesquelles elles ont été faites : caractéristiques des capteurs, localisation exacte, environnement de la mesure, unités de mesure… Ces informations, appelées métadonnées, sont essentielles tant pour les observations d'aujourd'hui que pour celles du passé. Au même titre que les mesures, elles sont enregistrées dans la base nationale de données climatiques car c'est grâce à elles que les climatologues peuvent constituer des séries temporelles cohérentes et qualifiées.

Mise à disposition des données climatiques

Toutes les données anciennes d'observations françaises récupérées dans le cadre du vaste programme de Data Rescue sont archivées dans la base de données climatiques nationale de l'établissement. Ces données ainsi que la totalité des longues séries mensuelles homogénéisées sont disponibles via le portail des données publiques de Météo-France.