Concours photo : découvrez le choix du jury !
07/10/2021GEO et Météo-France ont lancé " L’Œil du climat ", un grand concours photo sur le thème du changement climatique en France. " Les Ombres de la Côte-d'Or ", photographié par Thomas Derycke, emporte le prix du jury, composé d'experts de Météo-France et de membres de la rédaction de GEO, présidé par Yann Arthus-Bertrand de la fondation GoodPlanet.
Thomas Derycke : " Le visage noirci par la fumée des bougies, les travailleurs rentrent chez eux après avoir lutté toute la nuit contre une gelée tardive faisant suite à un printemps particulièrement précoce, conduisant à des dommages particulièrement forts. "
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Le mot d'Eric Meyer, rédacteur en chef de GEO
" Des vignes gelées en raison d’un coup de froid historique et qu’il a fallu réchauffer avec des feux pour éviter de perdre le raisin. C’est toute la complexité de l’adaptation des hommes au changement climatique qui transparaît dans cette photo, qui avec son rouge d’incendie, la courbe des vignes, les brasiers comme des lumières sur une ville, obéit aux critères Geo : information, séduction, impact visuel. "
Qu’illustre cette image ?
Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France : " Elle illustre magnifiquement les vignobles de la Côte d’Or touchés par les gelées tardives d’avril 2021. Derrière la beauté de l’image, on devine, dans la silhouette tourmentée et rougie par les flammes, les efforts arrachés des agriculteurs pour tenter de protéger leurs cultures de ce fléau. Le changement climatique est une réalité sur notre territoire. Chaque année, il affecte nos infrastructures, nos cultures, nos terroirs, notre patrimoine… Il contraint nos sociétés à s’adapter. Et si nous n’agissons pas maintenant, ses conséquences seront plus marquées, d’années en années. "
À quel événement météorologique fait-elle référence ?
Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France : " Fin mars 2021, la France connaissait une douceur exceptionnelle. Le 31 mars fut même la journée la plus chaude jamais mesurée en mars. Mais quelques jours plus tard, c’est le froid qui se fit remarquable : tout début avril, des gelées quasi généralisées tombaient sur les deux tiers nord de la France, affectant particulièrement les régions du Bassin parisien au Val de Saône. Les vignobles de France ont ainsi subi de plein fouet des gelées printanières tardives. La nuit du 7 avril 2021 fut ainsi une des plus froides depuis 75 ans. Les végétaux, les vignes et arbres fruitiers particulièrement, poussés à la floraison précoce par la chaleur de mars, subirent des dommages parfois irréversibles.
L’année précédente, en 2020, certains vignobles de la vallée du Rhône avaient subi localement des pertes de 80 %. "
Est-ce inédit ?
Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France : " Les gelées printanières se produisent assez couramment. Mais elles peuvent causer d'importants dégâts, notamment en arboriculture ou viticulture, selon la période à laquelle elles se produisent et selon les cultures, avec des pertes partielles de plus de 50 % des récoltes. Ce qui est particulier ici, c’est qu’elles ont succédé à une douceur exceptionnelle… Six jours à peine après qu’un tiers du réseau de Météo-France a battu ses records de chaleur pour un mois de mars, on s’est retrouvé avec des niveaux record de froid pour avril. Il faut remonter à près de trente ans, en avril 1991, pour retrouver un épisode comparable. "
Et le changement climatique dans tout ça ?
Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France : " Avec le réchauffement climatique, on assiste à un rétrécissement de la saison hivernale et à un allongement de la saison estivale, qui n’empêche toutefois pas des épisodes de gel ponctuels tout au long du printemps . Les arbres fruitiers ou la vigne peuvent être ainsi soumis au risque de gel sur floraison et subissent des dégâts irréversibles si la végétation redémarre trop tôt.
Les agriculteurs mettent en place des stratégies pour lutter contre ce fléau. Pour protéger les vignobles, comme ici en Côte d'Or, certains agriculteurs ont ainsi placé des bougies pour tenter de limiter le gel. Certains grands vignobles français ont recours à des techniques de brassage de vent par éolienne, d'autres encore font circuler en survolant la zone par hélicoptère pour éviter le gel au sol... Ces techniques palliatives, coûteuses, et à l'empreinte carbone pas neutre, pointent du doigt la nécessité pour nos sociétés d’anticiper et de s’adapter aux évolutions du climat et à ses impacts. "